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Question de Mme Vanina Paoli-Gagin (Aube - Les Indépendants) publiée le 01/05/2024

Question posée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à Mme Vanina Paoli-Gagin, pour le groupe Les Indépendants - République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

Mme Vanina Paoli-Gagin. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Madame la ministre, à mon tour, je souhaite vous interroger sur la situation à Sciences Po et dans les universités, ce qui atteste tant de la prégnance que de la gravité du sujet.

Nous assistons avec consternation et inquiétude à des opérations de manipulation de la part de pseudo-mouvements étudiants au sein de nos universités. En première ligne, Sciences Po et la Sorbonne, temples de la connaissance et du pluralisme des idées,...

M. Laurent Burgoa. Ça, c'est fini !

Mme Vanina Paoli-Gagin. ... sont prises en otage par une minorité radicale.

Cette mobilisation a pris des proportions dangereuses à Paris comme dans le reste de notre pays. Nous ne pouvons tolérer l'occupation de locaux universitaires ni l'instrumentalisation politique des étudiants, et encore moins la profération d'appels à la haine antisémite.

Au fil des années, on a baissé la garde sur la défense du pacte républicain. Aujourd'hui, cette situation désastreuse a pris une tournure très politique, puisque les étudiants à l'origine des mouvements de blocage sont soutenus activement par l'extrême gauche, dont le naufrage se profile un peu plus de jour en jour.

M. Roger Karoutchi. Ça, c'est sûr !

Mme Vanina Paoli-Gagin. Nous assistons à une dérive idéologique croissante au sein d'établissements pensés - rappelons-le - pour former nos élites républicaines.

Ces lieux devraient être consacrés à la confrontation des idées, au débat raisonné, à la transmission éclairée. Nous faisons face à une forme de négationnisme intellectuel - j'ose l'expression -, diamétralement opposé à l'esprit des Lumières. Dans ces établissements, tout tend ainsi à devenir opinion.

Comme cela a été dit, la polarisation et l'outrance n'ont jamais permis de trouver un point d'équilibre. Face à la radicalisation, refusons la capitulation intellectuelle et restons fermes !

Madame la ministre, que pouvons-nous faire de plus pour que notre université renoue avec son universalité ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Emmanuel Capus. Bravo !

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 01/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice Paoli-Gagin, tout d'abord, je vous remercie d'avoir rappelé, car c'est important, le rôle et les missions des universités et de tous nos établissements d'enseignement supérieur.

Il faut le répéter, le débat et la liberté d'expression respectueuse, maîtrisée et cadrée constituent l'une des vocations des universités. Les blocages et, surtout, les intimidations, c'est non ! A fortiori, nous refusons les incitations à la haine et les appels au soulèvement ou même, j'ose le dire, à l'insurrection. (Exclamations sur les travées du groupe SER.)

C'est pourquoi nous restons très fermes et vigilants. Il est de notre responsabilité, je dirais même de notre responsabilité collective, de veiller au respect du cadre républicain, ainsi qu'à la sécurité des biens et des personnes, et de faire en sorte que l'on retrouve cette objectivité, cette maîtrise, cet équilibre et ce cadre.

Permettez-moi de le rappeler, aucune sanction contre les auteurs de faits graves, comme des actes d'antisémitisme, ne sera abandonnée, ni aujourd'hui ni demain. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Vous êtes aveugle !

Mme Sophie Primas. Et sourde !

Mme Sylvie Retailleau, ministre. Honte à ceux qui choisissent de souffler sur les braises, de diffuser de fausses informations et d'attiser les haines ! Honte à ceux qui instrumentalisent ces conflits et qui utilisent notre jeunesse et, ici, nos étudiants ! C'est tout simplement irresponsable et dangereux.

Permettez-moi aussi de m'associer à vos propos sur la nécessité du débat d'idées, du débat contradictoire et de la controverse. Je l'ai dit, je rencontrerai prochainement les présidents d'université, en vue de mettre rapidement en place des actions concrètes.

Les déchaînements de haine, les appels à l'insurrection, la reprise d'odieux symboles, c'est non ! Les universités sont des lieux d'études. Leur mission est trop importante et trop précieuse pour que l'on piétine leur image et que l'on empêche leur bon fonctionnement, en tentant d'importer cette mobilisation des États-Unis. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Mickaël Vallet. Et le budget des universités ?

M. le président. La parole est à Mme Vanina Paoli-Gagin, pour la réplique.

Mme Vanina Paoli-Gagin. Je vous remercie, madame la ministre.

Nous comptons vraiment sur votre action (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) pour protéger de la tentation du rejet de toute altérité notre jeunesse, qui est parfois instrumentalisée par des forces obscures étrangères. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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